mercredi 4 novembre 2015

Tanna ,l'ile noire.

Mercredi 21 Octobre

Nous quittons port-olry en prenant soin de bien nous retourner ,les lieux comme ça sont rares.

A peine arrivés à luganville pour reprendre des affaires laissées 2 jours plus tôt qu'un vrombissement sourd nous étonne ,quelques secondes supplémentaires pour comprendre que la terre tremble et vite tout le monde dans la rue. Quelques minutes après ,nous apprenons qu'un tremblement de terre de magnitude 7,3(!) s'était produit à... port-olry.
 Plus de peur que de mal ,pas de risque de tsunami et pas de dégâts mais tous les enfants ont quitté l'école en trombe pour se réfugier dans les collines environnantes.

A l'heure de partir à Tanna ,la colère de la terre est-elle un prémisse de ce que nous allons trouver là-bas?

Nous arrivons donc à tanna ,au sud de l'archipel en fin d'après-midi après une courte escale à Efate.
Fred ,notre hôte et chauffeur nous y attend pour nous amener chez lui au pied du volcan yasur ,pour qui tous les touristes viennent.




Dès les premiers kilomètres ,nous mesurons l'énorme différence avec les autres îles: Ici ,c'est vraiment pauvre...
Pas de route mais des pistes défoncées que nous emprunterons pendant tout notre séjour. 4x4 obligatoire ,et parfois très lentement. Le cyclone PAM qui s'est abattu en mars a particulièrement abîmé tanna ,qui n'en avait pas besoin. Depuis c'est la sécheresse due à el nino et la famine guette.

Beaucoup de monde qui marche sur la route ou dans les bennes des pick-up remplies jusqu'à la gueule. Tous nous saluent avec de grands sourires. Le contraste entre ce que nous ressentons de la vie de ces gens et ce qu'ils ressentent eux est très grand.
Les écoles sont éventrées ,les tentes de l'UNICEF nous rappellent la détresse humanitaire mais partout on nous sourit ,on nous salue , les habitants sont heureux que les touristes continuent à venir voir leur île. Ils n'ont que ça comme ressources alors , bien que les prix y soient plus élevés qu'ailleurs au Vanuatu, nous mesurons qu'on ne naît pas tous égaux sur notre vieille planète.



Après 2h et quelques arrêts ,nous arrivons de nuit au gîte de fred. A mi-parcours ,le paysage a totalement changé. La cendre noire a remplacé la terre ,nous rentrons dans l'antre du yasur ,le volcan ayant la plus longue activité continue de la planète. 800 ans qu'il s'énerve. Dans l'axe des vents dominants ,le désert et la pluie de cendres .


Le yasur est omniprésent. Bien que peu élevé (361m), on ne voit que lui. Ses grondements réguliers synonymes d'explosions de cendre et de lave deviennent rapidement un bruit de fond permanent.
Nous nous installons pour dormir en haut d'un banian d'où nous voyons le ciel rougeoyer .Le sol n'est que cendre noire ,lourde ,collante. La végétation s'est adaptée mais souffre.






Fred hésite à nous monter là-haut ,il n'est pas sur de la bonne visibilité. Nous avons croisés plus tôt dans notre voyage des touristes qui étaient revenus déçus car le volcan était "fermé" ,le son mais pas l'image. De plus l'entrée n'est pas donnée :150 € pour 5. J'insiste un peu et finalement nous partons assez tard .
Le volcan est tout près ,20 minutes de voiture et 5 minutes de montée pour arriver au dessus des cratères. Il fait nuit noire quand nous pénétrons dans l'antre. Notre guide nous amène au point de vue  non loin de là. A quelques mètres de l'arrivée ,une terrible explosion nous fige sur place ,le cœur en chamade et les yeux écarquillés. S'en suit un éclatant feu d'artifice rouge , le monstre yasur vient de nous souhaiter la bienvenue.


Nous resterons longtemps à assister à ce spectacle fabuleux de la colère de la terre. Difficile de décrire ce que l'on ressent ,à la fois de la fascination mais aussi de l'effroi tant c'est impressionnant. Le sol tremble à chaque poche de gaz qui explose,la lave jaillit à des centaines de mètres de haut propulsant des bombes de magma pas très loin de nous , c'est incroyable.








Les mesures de sécurité locales nous paraissent totalement dérisoires à coté de la puissance de ce que nous avons sous les yeux. Pas de barrière , pas d'abri ,pas de solution de repli au cas où une explosion plus forte se produise. Le yasur a tué plusieurs visiteurs par le passé...Jamais on ne pourrait approcher aussi près dans un pays dit développé!

Le yasur a réussi son effet et il nous bercera toute la nuit de ses grondements.


Jeudi 22 Octobre.

Après avoir hésité à remonter au lever du soleil, nous préférons revoir le volcan en fin d'après-midi et attendre la nuit en tête à tête avec le monstre.

Du coup fred nous propose d'aller visiter un village non loin de chez lui. Les habitants sont quelques peu habitués aux touristes et ils nous montrent ,un peu comme à santo ,leurs traditions et leurs coutumes. Les femmes et enfants sont maquillés ,mais pas les hommes. Du coup c'est pareil pour nous. Clara attire beaucoup de regard et certains enfants viennent lui toucher ses cheveux lisses.







Face au yasur en toile de fond ,les danses traditionnelles sont du bel effet.
Maxime étant arrivé avec le ballon de rugby, nous arrivons à faire jouer hommes et enfants à ce sport inconnu ,déclenchant des fou-rires à chaque raté!
Ici ,on parle essentiellement bislamar ainsi que le dialecte local, il est difficile de communiquer même en anglais. Aucun enfant ne va à l'école, la vie du village est très basique.













Nous rentrons chez fred à midi et constatons que le volcan est plus actif qu'hier. Les nuages de cendres énormes cachent en permanence le soleil et nous recouvrent très vite d'une pellicule noire.
La femme de fred nous explique la difficulté de vivre dans un environnement aussi hostile. La cendre casse les cultures ,s'introduit partout ,rend la cuisine difficile, sans parler des conséquences sur la santé.

Petite vidéo explicative sur le volcan yasur qui fait froid dans le dos :


En début d'après-midi ,je décide d'aller seul au pied du yasur dans la plaine de cendres où rien ne pousse .Fred me conseille de prendre un parapluie et j'ai bien fait de l'écouter. Je suis inondé de cendres ,l'appareil photo n'apprécie pas du tout. Je gravis un peu le flan dans une ambiance grise et noire mais le yasur explose de plus en plus fort et me fait comprendre qu'il ne veut pas de moi.

La route principal de tanna




Vers 16h ,nous remontons ,aimantés par ce spectacle fascinant. On nous confirme qu'aujourd'hui ,le yasur est bien énervé. Son activité est imprévisible et il est possible qu'il passe en niveau 2. Du coup , nous ne devons rester que 5 à 10 minutes au point de vue principal et nous replier ensuite et répéter plusieurs fois cette opération. On nous conseille de bien lever la tête à chaque explosion ,surtout quand on prend une photo...ambiance.

Nous resterons près de 3 heures, c'est toujours aussi magique et effrayant ,encore plus qu'hier car nous voyons parfaitement l'onde de choc évoquée dans la vidéo.
La vision de jour nous fait mieux comprendre l'échelle du cratère, énorme ,parfaitement circulaire et voyons distinctement les différentes bouches d’où jaillissent le magma et les cendres.





La nuit se fait et la récompense est totale. Comme un symbole ,alors que le guide nous dit que nous devons redescendre ,le yasur nous gratifie d'une énorme double explosion en guise de bouquet final.











Vendredi 23 octobre.

Au lever ,tout est recouvert une épaisse couche noire ,la voiture ,la végétation,...
C'est notre dernier jour à Tanna et au vanuatu ,nous prenons l'avion en début d'après-midi.
Fred est contrarié par toute cette cendre ,bien qu'il y soit habitué. Il décide de construire un abri pour sa voiture, ce qui lui prendra la matinée. Du coup ,nous restons tranquille chez lui ,je me voyais mal lui demander de tout arrêter pour nous promener. Les repas sont copieux mais peu variés :riz , légumes du jardin ,pas de fruits car le cyclone a ravagé bananes, papayes et cocos sur toute l'île.


Sur le trajet de l'aéroport,nous nous arrêtons à Lenakel ,capitale de tanna. Beaucoup de monde ,c'est très sale .Tout les gens nous regardent étonnés ,du style "mais qu'est-ce qui foutent là ceux-là?" Ça les fait parfois rire mais jamais un regard de travers comme on peut parfois le sentir en Calédonie.
Le marché est à l'image de l'île :peu fourni et un peu anarchique, on y mange pour trois fois rien.




Nous embarquons dans un petit coucou de 18 places direction port-vila ,Sabine est plus effrayée que face au yasur! Je suis au premier rang et je peux même toucher les pilotes !






De retour à Nouméa , nous sommes presque surpris de retrouver un environnement civilisé ,avec de vraies routes.

Ce voyage au Vanuatu restera sûrement comme un coup de cœur de ces 2 ans en Océanie. Difficile de tout décrire tant il nous a émerveillé, en 12 jours nous avons admiré un volcan en éruption, le bleu époustouflant des trous d'eau, les plages de sables blanc, joué à indiana jones à Millenium Cave, plongé dans la plus grande épave du monde,...
Mais au-delà de la beauté des paysages nous retiendrons avant tout les sourires et la générosité des Ni-Van, leur plaisir et leur fierté à nous présenter leur village, leur vie, si simple et dénuée de superficiel. Une grande leçon de vie.

Le Vanuatu, le pays le plus heureux du monde et qui rend les gens heureux.


3 commentaires:

  1. C'est beau PO, tu me fais regretter de ne pas y être allé !

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    1. Mais il est encore temps pour ne pas avoir de regrets!!

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    2. Comme quoi, ton article était convaincant ! Go vanuatu 2023 ;-)

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