samedi 27 juin 2015

Plongées au coeur de fidji: authenticité et grand frisson

Suite de notre voyage aux iles Fidji :


Vendredi 12 juin

Après un petit déjeuner bien copieux face au lagon, nous parcourons les 30 km qui nous séparent de Sigatoka ,point de départ de l'excursion "river safari" qui doit nous faire découvrir le quotidien d'un villa de la l'intérieur de l'ile, le tout en jet boat ,ce qui je l'admets parait légèrement décalé comme moyen de transport dans une partie de Fidji qui vit encore avec des traditions ancestrales.

Nous voilà donc en compagnie d'australiens (toujours eux!) naviguant plein pot sur la Sigatoka river , aux magnifiques reflets , qui tel le Nil égyptien ,est la source de vie de tous les villages de la vallée.





 

La région est rurale et agricole. On laboure encore avec la charrue et le cheval. Ce même cheval est souvent le seul moyen de transport . Les gens nous saluent constamment malgré notre gros bateau puissant et bruyant. Çà et là ,des pêcheurs ,des enfants qui jouent ,des vieux qui attendent, des chevaux ,des villages , c'est le "vrai Fidji" comme nous l'a promis le guide.

 

 

 La "promenade" est très agréable ,nous tendons l’oreille pour comprendre toutes les explications du guide ,du temps de trajet énorme que mettent les enfants pour aller à l'école ,non obligatoire au Fidji mais généralisée, à l’intérêt grandissant des chinois qui ont compris le potentiel touristique important du coin.







En fin de matinée ,nous quittons le jetboat et arrivons sur la pointe des pieds dans l'un des villages qui borde la rivière. L'accueil par les enfants est chaleureux. Un des habitants fait office de guide et nous explique la façon dont les fidjiens vivent .



Le modèle ressemble fort à celui de la tribu en nouvelle-Calédonie. Le lien avec le village est très fort et à vie. La vie se passe en communauté totale ,chaque famille participant de façon identique aux travaux ,aux récoltes ,...
Les gens ont l'air heureux et sont très croyants.


Nous sommes amenés alors au centre du village dans l'espace commun servant à toutes les occasions de fête ou de cérémonie. Nous y attend une bonne partie du village ,les hommes devant assis en tailleur autour du kava, les femmes et enfants derrière.



C'est un peu impressionnant et assez cérémonial. On nous met pourtant à l'aise avant la cérémonie du kava en guise de bienvenue et d'adoption . Nous y avions déjà gouté à Nadi donc on sait à quoi s'attendre. Le protocole est assez marqué :Le chef de notre groupe (le plus vieux ) boit en premier après avoir gratifié l'assemblée d'un puissant "BULA" et frappé dans ses mains. Une fois son shell terminé ,il retape 3 fois dans ses mains et remercie ses hôtes :" VINAKA".

Nous y passons tous un par un, c'est finalement pas si mauvais ,j'en reprends même!




Petite explication sur le Kava:

Des racines de kava

Le kava est une boisson traditionnelle mélanésienne obtenue a partir de racines d'arbustes trempées puis pressées. Traditionnellement les racines sont mâchées (!) et crachées(!!!) dans une feuille de bananier puis filtrées. Aujourd'hui ,les racines sont réduites en bouillie par des broyeuses et ensuite mélangées à de l'eau.
Le kava, interdit dans plusieurs pays dont la France (à l'exception de la Nouvelle Calédonie) contient des substances anxiolytiques et anesthésiantes. Sa consommation ne présente ni accoutumance ni dépendance. C'est une boisson fort répandues dans les îles du Pacifique sud: Vanuatu, Nouvelle-Calédonie et Fidji...  Traditionnellement, le kava a une place importante dans la coutume mélanésienne. Sa consommation est avant tout un acte social.


Le kava ne se vend pas dans les débits de boisson habituels. Il ne se vend que dans des "nakamals". Les nakamals sont des établissements en plein air. Ils baignent dans le silence et une quasi obscurité. Ils ne vendent que du kava. Les consommateurs d'alcool ou de cannabis n'y sont généralement pas les bienvenus.
Le kava est bu en début de soirée, après le travail vers 17h00. Servi dans une 1/2 noix de coco appelée "shell", il doit être bu d'un trait. La couleur est grise, Le gout est amer et rappelle celui de la terre. 

 Le premier effet du kava se fait sentir immédiatement. La langue et les lèvres se trouvent légèrement anesthésiés un peu comme chez le dentiste.  Cette anesthésie n'est toutefois pas l'effet recherché. Le véritable effet se fait ressentir après 2 ou 3 shells: Relaxation, effet anxiolytique...





S'en suit un repas selon la tradition fidjienne :pas de couverts ,on mange avec les doigts. C'est assez bon ,quoiqu'un peu rapide. Vient alors l'heure des chants et des danses. C'est bien plus authentique que sur l'ile south sea même si on se serait bien passés des danses à la con style chenille...




On se quitte avec le sentiment que même si tout ceci a aussi un but commercial, les habitants du village ont su nous montrer quelques heures durant ,leur façon de vivre. Définitivement ,les fidjiens sont extrêmement accueillants et profondément gentils .

Nous reprenons notre bateau décalé pour quelques 360° qui rincent tout le monde et repartons vers notre resort ,contents de notre journée.

Petit stop à Outrigger on the sea ,soi-disant le plus bel hôtel du coin pour boire un coup. Mouais...




Il nous restera une paire d'heures pour ...jouer au rugby sur les pelouses parfaites de l’hôtel avant le cocktail offert par la direction. C'était où le vrai Fidji qu'ils disaient?


Samedi 13 juin

Il pleut très fort et ça n'a pas l'air de vouloir s’arrêter. Nous quittons donc l’hôtel tardivement dans la matinée et prenons la route vers notre dernier lieu de séjour :Pacific Harbour à 50 km.


Samedi c'est jour de rugby au Fidji. Nous tombons au hasard de la route sur un stade champêtre rempli de jeunes joueurs. L'occasion est trop belle ,nous y fonçons. Les centaines de paires d'yeux qui convergent vers les seuls blancs et leur ballon ovale resteront un des moments les plus forts de notre voyage.
Il n' y a pas de club de rugby ici ,chacun joue pour son école ou son collège. Chaque école est construite en U autour du terrain de rugby. Il y a donc autour de nous des dizaines d'équipes qui jouent et qui s'échauffent .
"Nous aussi ,on adore le rugby ,on vient de Toulouse", rien de tel pour entamer la conversation.

 
A cause de la pluie , le terrain est un champ de boue ,ce qui ne dérange personne. Nous assistons à de belles actions ,quelques beaux gabarits mais bien moins impressionnants que les wallisiens voisins, dont les plus beaux spécimens peuvent dépasser les 100 kg dès 11 ans.


























On se fait vite de nouveaux copains !


On prend possession de la maison que nous louons en milieu d'après-midi ,2 nuits dans un resort c'est bien mais faudrait pas s'y habituer.




En soirée ,nous retrouver les castors juniors ,Yoann ,Oriane et Maïwen ,de passage aussi à Fidji avec qui nous allons partager les 2 prochains jours.




Dimanche 14 juin

Sous la pluie battante ,direction Suva ,la capitale de Fidji et particulièrement le parc de colo-i-suva dans la foret (très) humide. De nombreux sentiers nous amènent vers des piscines naturelles séparées par des cascades .C'est très joli malgré la grisaille mais personne n'a envie  de se baigner ni de jouer à Tarzan.


 





A la mi-journée , nous sommes à Suva. La ville est morte ,c'est dimanche ,jour du seigneur. Pas  besoin de la pluie pour s'apercevoir que c'est bien moche. Nous ne nous éternisons pas et rentrons au bercail ,toujours sous la pluie. Il faut savoir que les journées sont assez courtes ,le rideau se baisse vers 17h en cette période d'hiver.


Lundi 15 juin

Aujourd'hui c'est le big day. L'une des raisons de notre venue à Fidji :la plongée avec les requins bouledogues ,tigres, pointes noires ,blanches ,... que l'on nourrit sous nos yeux. C'est ce qu'on appelle le "shark feeding".
La pratique est discutable ,certains plongeurs de notre entourage sont foncièrement contre ,jugeant ceci anti-naturel au possible. Je suis un peu du même avis mais la curiosité de faire ça au moins une fois dans sa vie l'a emporté ,tant pis pour les principes.

Pour info ,le requin est un sujet sensible dans le pacifique ,de l’Australie au Japon ou de la Polynésie à la Calédonie. Certains les tuent massivement ,d'autres les craignent suite à de rares attaques. Au Fidji ,le requin est vénéré, on nous expliquera que le shark feeding fait partie d'un vaste programme de protection des requins bouledogues menacés mais dont le nombre a fortement augmenté ces dernières années .Pas question de cage ,ici c'est "face to face".

Reste qu'il y a un mois ,un nageur a perdu la vie en Calédonie par la faute à un requin bouledogue et je ne parle pas de ce qu'il se passe à la Réunion. Par contre ,les requins ne s'attaquent jamais à des plongeurs en bouteille.

Le décor est donc planté, il existe donc une petite appréhension dans ma tête et je suis bien content que mon ami yoyo m'accompagne dans cette aventure.

Dans la base de plongée ,nous sentons immédiatement le professionnalisme de l'encadrement ,le bateau est top confort (quelle différence avec ceux de Nouméa!) . Nous plongeons avec une dizaine de jeunes américaines et canadiennes venues dans la région pour étudier les requins bouledogues dans le cadre de travaux de recherche. Elles plongent donc tous les jours avec les bestiaux. Autant dire qu'elles ne sont pas stressées et c'est mieux ainsi. On écoute néanmoins scrupuleusement les consignes et on fait répéter quand on ne comprend pas!

Arrivés sur site ,tous dans l'eau (encore bonne) et puis tout d'un coup tout le monde disparait , direction -30 mètres (profondeur que je n'avais encore jamais atteinte) . Ça descend à fond , heureusement les oreilles passent sans problème. Autour de nous déjà quelques requins pointes blanches ,mais ceux là ne nous intéressent pas trop.

On arrive donc devant un petit muret ,tous alignés face à la meute déjà présente. Je suis positionné pile là ou le muret s'avance ,j'ai l'impression d’être le plus près. Les premières sensations sont difficilement oubliables : une trentaine de mastodontes de requins bouledogues nous tournent autour, attirés par les poissons que contient la poubelle tenue par un instructeur à quelques mètres de là. C'est extrêmement impressionnant mais je n'ai pas peur, la maitrise de soi était annoncée comme indispensable par les instructeurs.











Non ,ce n'est pas un photo montage!

Nous assistons donc à ce ballet tous les sens en éveil. Parfois ,les requins sont si près que je suis obligé de me reculer au risque de les toucher ,ce que font les instructeurs mais pas moi! Tous les requins sont connus ,identifiés et nommés.On nous a dit que certains sont calmes ,d'autres un peu fous...no comment.
Question sécurité donc ,nous sommes 15 plongeurs pour 10 instructeurs ,ce qui est énorme. Ceux qui nourrissent sont entourés de 2 plongeurs équipés de piques pour les protéger.



 


Lors de la 2ème plongée ,on a même droit au "hand feedind" ,on nourrit le requin directement à la main. Nous sommes dans l'axe ,la gueule des requins grande ouverte à quelques mètres restera un moment très fort. De temps en temps ,je croise le regard de yoyo qui ,je pense ,réalise comme moi que ce genre de plongée ,nous n'en referons pas 50 dans notre vie.

celui là c'est Maurice...

L’après-midi qui suit est bien plus calme ,la balade le long de la plage n'est pas terrible terrible ,il fait toujours un temps de chien, ça commence à nous gonfler. 


Mardi 16 juin

Du soleil au réveil ,pas possible! Et bien non ,pas possible .2 heures après c'est reparti pour une journée de pluie. On tourne un peu en rond ,du coup les devoir avancent.
On décide de retourner à Suva ,certainement plus animée que Dimanche. Le seul musée de Fidji est bien triste , 30 minutes en prenant son temps.





Le soleil !! vite une photo!


Le quartier du marché est bien plus vivant mais toujours aussi laid. Le marché lui même est très coloré et très fourni en fruit ,légume et kava.
Voici ce qu'on peut rencontrer au Fidji :des hommes en jupe et chemise à fleurs et il y en a beaucoup.
 La jupe s'appelle le sulu et ,passé l'effet de surprise , donne une vrai prestance à ces solides gaillards.



Mercredi 17 juin

RAS ,il pleut...Nous sommes pourtant en saison sèche et pas tout à fait dans la partie humide de l'ile.
Nous profitons donc de la piscine ...avec la combinaison 5mm et continuons les devoirs de classe. Heureusement qu'il y a la wifi dans la maison.





L'après-midi ,nous tentons d'aller voir Art Village tout proche .Voici ce qu'en dit le guide :
"Ce grand centre culturel et commercial comprend des restaurants ,des boutiques de souvenirs ,un cinéma ,...un marché artisanal avec des démonstrations constantes des artistes qui y vendent leurs créations. ...On y trouvera des fidjiens vêtus de pagne et des chants et des danses traditionnels ."
etc ,etc ,j'oublie la marche sur le feu  et le tour en bateau.

Nous n'avons pas du trouver le bon endroit ou ce beau projet est tombé à l'eau car il y a bien quelques restaurants et boutiques ,pour le reste , rien de ce qui est décrit ne figure.

On tente un petit tour à la plage voisine. Voici ce qu'en dit le guide :" Tout aussi sauvage que paradisiaque ,la plage est l'une des plus jolie des Fidji et surtout l'une des plus longue. Sable foncé ,palmiers ,nuances de bleu sur l'eau ... on rêve".

La preuve avec quelques images prises 3 jours plus temps ,alors qu'il ne pleuvait pas. Jugez par vous même! 


Une dispute à venir...


Nous conseillons donc à l'auteur de ces lignes de venir faire un petit tour en Calédonie pour voir à quoi ressemblent les plages de rêve. OK ,il faut mauvais temps mais cette publicité mensongère nous a bien induit en erreur pour programmer notre séjour. En fait ,il n' y a rien à faire à Pacific Harbour ,il fait tout le temps mauvais et c'est franchement pas superbe.

Arts village


Du coup ,on s'énerve un peu d’être coincé là alors qu'on sait qu'il fait beau de l'autre coté de l'ile et sur les yasawas où yoyo et oriane se la coulent douce ,ayant eu plus de nez que nous.


Jeudi 18 juin

Dernier jour à Pacific Harbour. Tout va bien ,il pleut. Impossible de programmer une descente en rafting sur la navua river en pleine montagne. Du coup ,on se rabat sur un parcours en tyrolienne dans la rainforest . La pluie ne nous gène pas trop et on s'amuse beaucoup, les 2 guides sont très sympas et les 2 heures passent très vite.




Ensuite glandouille ,rangement des sacs et petit tour vers une autre plage qui doit être pas trop mal sous le soleil.


Vendredi 19 juin

Direction l'aéroport pour 11h. Petite escale au Vanuatu et retour à Nouméa en soirée.

Au final ,nous quittons Fidji un peu frustrés de notre fin de séjour gâchée par la pluie et le faible intérêt de la région sud. Mais après coup ,je ne regrette pas du tout d'avoir fait ce voyage, cela reste une destination hors du commun pour des européens.

Niveau paysages ,plages ,couleurs ,les Fidji n'arrivent pas à la cheville de la Nouvelle-Calédonie, ceci sans chauvinisme.
Niveau accueil ,service ,développement touristique ,gentillesse des habitants ,la Nouvelle-Calédonie n'arrive pas à la cheville des Fidji.

Un dernier salut au drapeau.


Prochain grand voyage ,8 jours au nord de la Nouvelle-Zélande en aout ,nous avons eu les places pour le match de rugby entre les All Black et l'Australie à l'eden park d'Auckland , YEAH!!!